CHRONIQUE #24 - Youth of climate Lorient / Grand Théatre occupé

Samedi 20 mars 2021. Ensemble pour partager leurs revendications, les intermittents du spectacle et le mouvement locale ”Youth of climate” ont proposé une belle prestation dans les rues de Lorient. Pour ne rien louper de cet événement, le rendez-vous avait lieu au “Grand théâtre” actuellement occupé par un collectif d’artistes. Depuis plusieurs semaines sur le parvis du Théâtre, les artistes “SANS VOUS, SANS VOIX” enchaînent les animations et expliquent au public la souffrance actuelle du monde culturel.  En ouverture de la mobilisation, le charismatique “Monsieur Maire Philippe” a pris un étonnant discours rassembleur.

“Et un et deux et trois degrés, un cri contre l’humanité”

Dans le cadre d’une mobilisation nationale, le collectif “Youth for climate” a pris possession du parvis pour une allocution “Libre”. Ce mouvement a pour but d’alerter les citoyens et responsables politiques des risques liés à l’environnement. “Tous ensemble”, intermittents, jeunes et militant pour le climat, le cortège a ensuite débuté une marche de l’avenir, une marche du ras-le-bol dans le centre-ville de Lorient. La mobilisation a attiré entre 1500 et 2000 personnes. 


WOOD STREET MADE IN LORIENT

Un ancien garage de Lorient a été transformé en galerie d’art le temps d’une exposition éphémère durant les vacances de Noël. 20 graffeurs bretons présentent leurs œuvres, toutes plus originales les unes que les autres.

Des araignées, des abeilles géantes et des animaux sauvages ont pris leur quartier dans le centre-ville de Lorient. Ces œuvres ont été réalisées par les artistes du collectif breton Diaspora Crew sur le thème Wood street : la nature reprend ses droits.

En seulement trois mois, ces artistes ont transformé un vieux garage désaffecté en galerie d’art. Murs, plafond, sol, chaque espace de ce bâtiment d’environ 700 m² est recouvert d’œuvres. Il y a les graffitis faits à la bombe mais aussi des structures impressionnantes d’insectes ou encore de robots, réalisées avec des éléments recyclés .

Ce lieu une galerie éphémère. En gardant à l’esprit du graff, les œuvres taguées sur les murs ne sont pas destinées à rester. 

En ces temps de crise sanitaire, où la culture ne vit plus, l’exposition a été prise d’assaut. Les pré-réservations pour la visite ont explosé . Wood street a disparu à la fin des vacances scolaires, le 27 décembre. Seuls 6800 privilégiés ont pu l’admirer.


FACE TO FACE / ANNE-LORE LEGUICHEUX

Nouvelle femme, nouvelle histoire personnelle : rencontre photographique. Découvrez l’univers artistique d’Anne-Lore Leguicheux avec le théâtre et l’art du spectacle !

Peux-tu me parler de ton histoire avec le théâtre et l’art du spectacle ? 

J’ai grandi dans les loges avec des parents merveilleusement pas comme les autres. Ils jouaient du théâtre, de la musique, dansaient, créaient des costumes, des décors … avaient toujours des projets fous à faire briller mes yeux d’enfants !
Comment ne pas suivre ?
J’ai tâtonné quelques instruments, crayonné quelques bouts de papier et esquissé quelques pas de danse mais c’est réellement dans le théâtre et l’écriture que j’ai trouvé mes plus beaux exutoires … Pouvoir être ce que l’on ne peut pas être. Pouvoir écrire ce que l’on ne peut pas dire. 

En 2013, tu deviens directrice artistique de la compagnie « Les yeux qui sonnent », si tu devais d’écrire l’univers, la démarche de cette compagnie aux multiples facettes ? 

La Compagnie Les Yeux Qui Sonnent, c’est un peu comme un voilier à histoires. On crée des spectacles, des films, des bouts de vie mêlant diverses disciplines artistiques, toujours dans l’idée de favoriser l’accès à la culture pour tous. On construit et on déconstruit, on ouvre toutes les portes, on passe par les fenêtres, on gomme les frontières, on suit les vagues, puis parfois on les contre, pour éveiller la sensibilité de chacun, pour être au plus proche de chaque spectateur.
Qu’ils soient comédiens, danseurs, musiciens, régisseurs, scénographes, photographes, réalisateurs, costumiers … Chaque artiste est choisi pour ses qualités artistiques mais également humaines.
Car l’art n’a pas de frontière. Il est universel et parle à chacun d’entre nous. Sa sensibilité est puissante, magique et peut changer le regard d’un homme en un film, une chanson, une danse … Et c’est pour cette raison qu’est née cette compagnie : pour que les yeux s’ouvrent, pour que les combats soient partagés, pour que les hommes se rencontrent. L’art, c’est à la fois le messager et le miroir de l’humanité, celui qui laisse des traces de vie, de pensée, celui qui nous aide à comprendre, accueillir, accepter, changer, celui qui nous permet d’être soi dans un ensemble. Comme le dit si justement Victor Hugo, « l’art, c’est le reflet que renvoie l’âme humaine ». Et ce n’est pas un hasard s’il existe depuis la nuit des temps … 

Peux-tu nous parler de ton rôle au sein de ce collectif ? 

Disons que je pilote le voilier mais qu’il ne pourrait avancer sans celui qui construit la coque, celui qui coud la voile, celui qui dessine la route, celui qui raconte au monde …
Mon rôle est de croire en chaque artiste pour qu’il puisse se sentir libre d’être et de donner. Je dois permettre un espace de création qui donne la parole à l’invisible mais qui est à l’intérieur de notre monde, en interaction constante avec l’humanité. C’est toute la difficulté car construire un électron libre, un monde à part, ne m’intéresse pas. Je veux travailler avec notre matière de vie, notre matière humaine, travailler au cœur de ce que nous sommes. 

J’ai choisi Paris comme lieu pour cette nouvelle rencontre devant mon objectif. Quel rapport tu as avec cette ville ?

Est-ce que paris fait toujours rêver l’artiste que tu es aujourd’hui ?

 J’ai parfois le sentiment de vivre une étrange histoire d’amour avec Paris.
Quand j’y suis arrivée il y a un peu plus de dix ans, j’étais aveuglée par son romantisme et sa beauté. Je passais beaucoup de temps à arpenter les rues de cette idylle, avec mon appareil photo en mode noir et blanc d’ailleurs …
Rapidement, mon regard a changé. J’accompagnais des personnes contraintes de vivre, ou plutôt survivre, dans la rue. J’ai longtemps été profondément en colère contre cette ville incapable de prendre soin de ce qui la fait vivre, la rendant responsable de cette inhumanité. Je la pensais triste et superficielle.
Puis, les années ont passé, bercées par les rencontres et les expériences, et d’autres couleurs sont venues nourrir mon sentiment pour cette ville. J’ai pris conscience qu’elle était un échantillon de notre humanité, notre miroir, qu’elle suivait nos fléaux, que ce sont nous, ses habitants, qui sommes responsables de ce qu’elle est. Cette ville, c’est nous.
Aujourd’hui, je ne la regarde plus. J’essaye simplement de la vivre et de la changer quand cela s’avère nécessaire. 

Dans les différentes pièces que tu as jouées et mises en scène, tu as la particularité de mélanger différentes pratiques artistiques (Danse, théâtre, musique en live, …). Est-ce que la photographie pourrait trouver sa place dans l’une de tes prochaines mises en scène ? 

J’aimerais beaucoup … La photographie est, elle aussi, plus que tout un art-miroir. Loin d’être figée, elle apporte un regard profond et muable sur notre société. Elle a le pouvoir des « mille lectures » : un cliché génère autant de sentiments que de regards posés.
Depuis l’enfance, j’ai toujours été impressionnée par l’aiguisement, la précision et la subtilité du photographe. On a beau fixer le même horizon, le même objet, il parvient toujours à capter un angle, un détail qui change toute l’histoire … Incroyable. Il parvient à rendre le commun exceptionnel, à rendre visible l’invisible, à rendre vivant l’immobile.
Donc si ma prochaine mise en scène parle d’humanité, ce qui m’apparaît comme une évidence, la Photographie aura un rôle sans nul doute. Et le photographe ne sera autre que l’auteur de ces questions. Celui qui m’a appris que les photographies avaient une loge, un arrière de décor, si l’on prenait la peine de dépasser leur façade … 

En 2020, des projets ? 

Bien sûr ! Le tiroir « projets » est la partie inépuisable de mon cerveau, lui-même irrigué inlassablement par les papillons du ventre !
Actuellement, j’ai la chance d’écrire une pièce pluriartistique avec un ami réalisateur au talent inégalable. Il m’est difficile d’en parler sans lui, tout d’abord car nous en sommes au début mais aussi et surtout, parce qu’il est la moitié du corps de ce projet. Allez penser avec un demi-cerveau, marcher avec une seule jambe, aimer avec un cœur coupé … ! Impossible.
Je dirais donc à demi-mots … que les arts sont multiples (avec des petits nouveaux !) et que nous parlons de la place de l’origine, de la maternité et de l’exil dans la construction identitaire, de ce qui nous construit, nous déconstruit et nous reconstruit. Mais pour le moment, c’’est un peu comme dans les « Sims », nos protagonistes testent encore leurs différents costumes … Rien n’est figé. Rien ne le sera jamais d’ailleurs, c’est le propre du vivant. Mais ce qui est certain, c’est que nous avons une histoire à vous raconter, des regards à ouvrir, des cœurs à rencontrer … 

« C’est dans les utopies d’aujourd’hui que sont les solutions de demain. »
[Pierre Rabhi]

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